jeudi 12 avril 2007

à vide


J'ai cru que j'y arriverais mais je n'ai pas eu la force d'entrer dans la petite impasse, je n'ai pas livré la main noire.

Ça a tourné à vide dans ma tête, ma mâchoire s'est embourbée, elle était comme endolorie d'une discussion sourde et continue. Je crois que j'ai parlé tout seul cette nuit, je crois que j'ai crié. Je ne sais plus. J'ai l'impression que je vais exploser, ça me monte à la gorge ; j'ai encore craché du sang.

Cette nuit, je me suis pourtant démené comme un beau diable pour garder mon sang-froid, mais ce n'est sûrement pas ainsi qu'on y parvient. Partout j'ai vu des formes étranges qui jamais ne se sont matérialisées mais m'ont terrifié chaque fois. Cela a duré des heures, des heures à sursauter, des heures effrayantes et je me suis étonné de constater que malgré tout je continuais à travailler alors que ma tête était en charpie ; mon cerveau, lui, ne semblait pas autrement perturbé, il continuait à livrer ses stupides journaux. Il se moquait bien que je tremble, que j'entende des voix et des rires au point que je n'ose plus tourner la tête de peur de croiser d'improbables créatures. J'ai dû m'arrêter à plusieurs reprises et me taper la tête contre le volant, et hurler, et fermer les yeux. C'est après tout cela que je l'ai vue de nouveau. La même, assise à l'arrière. Elle souriait. Je ne peux toujours pas la décrire. Je sais juste que je la reconnais, mais je ne peux pas dire qui elle est exactement.

De retour chez moi, j'ai croisé dans le miroir un visage noir, le mien. Je me fais peur. Surtout, je tremble de plus en plus et je n'arrive plus à rouler mes cigarettes, comme si mes doigts étaient gelés_; ils ne le sont pas.