jeudi 5 avril 2007

noircie par le sommeil


La confusion a commencé son long travail de destruction dès le lendemain.

Mon sommeil avait été des plus agités et, au réveil, un reste d'angoisse s'accrochait toujours à moi. J'ai essayé de le chasser en m'occupant à des activités aussi stériles que nécessaires : ménage, vaisselle, et ce lave-linge dont j'avais toujours retardé la réparation. Peine perdue, l'hallucination maintenant noircie par le sommeil m'est revenue en mémoire distinctement. Pas tout à fait le souvenir mais la vision elle-même, cette femme dans mon dos. Je n'ai pas osé me retourner, j'étais livide, je ne savais pas quoi faire, j'ai attendu, mes jambes se sont mises à trembler, elles m'abandonnaient, je me suis alors affalé sur le canapé comme on s'écroulerait sous les coups d'un ennemi invisible.


Je ne suis pas fou, je le dis, je le proclame. Je suis lucide et je fais la part des choses. Je sais que mes visions ne sont que des chimères. Mais alors pourquoi mon cerveau continue-t-il de me jeter cette silhouette à la figure ? Et pour combien de temps encore ? Car elle revient sans cesse. C'est toujours une même impression qui s'insinue en moi et me rend subitement anxieux jusqu'au moment où, à force de chercher la raison de ce malaise, je sens une présence dans mon dos.

Je commence à m'inquiéter.

L'origine du problème tient, je le crois, non pas à la vision elle-même mais à la réaction que j'ai eu la première fois qu'elle m'est apparue : j'ai eu peur de regarder de nouveau dans le rétroviseur, peur de la voir toujours là. Or il n'y avait pas de quoi et j'aurais dû me retourner, j'aurais dû savoir que c'était une illusion, j'aurais dû en rire, mais cette nuit-là, j'ai eu un doute.

Un doute...