mercredi 11 avril 2007

tout le feu


Cette fois, c'est sûr, je n'ai pas rêvé, je l'ai vue. C'était la nuit dernière, au fond de l'impasse, la main noire, elle a bougé. Et ce n'était pas un mirage ! Non, j'ai vu distinctement son petit doigt s'abaisser avant de revenir à sa position initiale. Imaginez ma frayeur, je suis resté tétanisé et j'en frissonne encore. Ce n'est pas une illusion ça, ce n'est pas une illusion !

La reste de la nuit a été un calvaire. Tout du long j'ai senti planer autour de moi l'imminence de je ne sais quelle catastrophe. Mes mains étaient pleines de peur, elles étaient maladroites, elles tremblaient. J'ai cru que je ne reverrais jamais le jour, non par crainte qu'il m'arrive un accident mais j'avais l'impression terrible que le temps s'était arrêté. Je n'avançais plus, chacun de mes mouvements était devenu laborieux et fébrile, comme empêtré d'une inertie contre laquelle je devais me battre sans cesse. Combien les heures ont été longues avant que n'arrive le jour enfin ! Les douleurs physiques – déchirements dans le dos, yeux tiraillés, jambes en plâtre – n'ont été que peu de chose en comparaison de mon crâne qui partait en lambeaux, un crâne à l'agonie qui bringuebalait péniblement un corps devenu trop lourd. J'en suis sûr maintenant, ça se détraque. Elle a bougé, je l'ai vue,  je ne peux pas le nier.

J'écris tout ceci avant de me coucher pour être sûr de transcrire au mieux ce qui s'est passé cette nuit. Être sûr de ne pas l'avoir rêvé.