mercredi 4 avril 2007

elle


Sur le moment, j'ai cherché toutes les raisons qui pouvaient expliquer rationnellement ce qui m'est arrivé cette nuit-là. Et j'en ai trouvé beaucoup : une surdose de café peut-être, la fatigue, un manque de sommeil ou l'inverse ? Sitôt que j'ai envisagé la fièvre, des bouffées de chaleur ont grimpé le long de ma nuque pour mieux me convaincre. Puis cela a été le tour de mon estomac qui se contractait jusqu'à douleur, mimant à merveille quelque trouble digestif. Dans la foulée, mon cœur s'est mis à battre dans mes tempes, et mes tempes dans mes yeux. J'ai ainsi vu tout mon corps se déglinguer pour m'aider à chasser ce qui m'était apparu comme réel : une femme assise sur la banquette arrière de ma voiture ! Je l'ai vue dans le rétroviseur, distinctement, la scène n'a pas duré une seconde car une telle frayeur s'est emparée de moi que j'ai aussitôt détourné le regard. Plus qu'une frayeur, cela avait été un réflexe. Je l'avoue aujourd'hui, il s'est écoulé un long moment avant que j'ose croiser de nouveau le miroir du rétroviseur. Elle n'était plus là. Une hallucination donc. Voilà ce que je me répétais, l'accompagnant d'un flot de jurons pour m'être laissé piéger par cette vision stupide. Vraiment j'ai pesté contre moi-même mais je n'arrivais pas vraiment à me convaincre, l'impression avait été si fidèle à la réalité et si juste qu'il m'a fallu des heures et tous les efforts du monde pour m'en départir. La fièvre sans doute, ce devait être cela. Cette explication était plausible mais fragile et une part de moi – je ne sais laquelle – voulait entretenir le doute.

Étrangement, je suis bien incapable de décrire cette femme, c'est au contraire l'impression elle-même qui s'est fixée avec précision, celle d'une présence derrière moi, nette comme une photographie – ce que je ne peux ni ne sais décrire avec des mots.

Hallucination donc, mais hallucination tout de même.

Aujourd'hui je le sais, c'est là que tout a commencé et la raison d'être de ce carnet. Fixer au mieux les faits, pouvoir s'y raccrocher et chasser les mensonges qui s'infiltrent en moi au gré de la nuit.